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martes, 22 de mayo de 2018

Belgium on stage ou comment donner le goût d’apprendre les langues | Françoise Masuy | TEDxUCLouvain


Transcripción
(Néerlandais) Je m'appelle Françoise Masuy, (Néerlandais) je vais vous parler de l'apprentissage des langues en Belgique. Euh, vous ne me comprenez pas ? C'est vrai, j'oubliais ! On est en Belgique, en Wallonie ! Et tout le monde ne comprend pas le néerlandais. Vous ne trouvez pas ça dommage que dans un si petit pays, on se connaisse si peu à cause de la langue ? Moi, je voudrais vous emmener dans un voyage au cœur de la Belgique au terme duquel vous aurez envie d'aller à la rencontre de l'Autre. Pour commencer ce voyage, trois anecdotes. Première anecdote. Il y a quelques années, je reçois une invitation de la part de ma correspondante néerlandophone avec qui j'avais fait des échanges linguistiques quand j'étais adolescente. Elle m'invite à la communion solennelle de sa fille de 12 ans. Surprise et très honorée, j'accepte l'invitation. Me voici en territoire flamand. Ce que je ne savais pas, c'est que j'étais la surprise du jour ! Je fus accueillie comme une reine par les parents et les 3 soeurs. (Néerlandais) « Mais tu n'as pas changé ! (Néerlandais) Tu es toujours la même ! » Après 30 ans, ça fait toujours plaisir à entendre. Et là, le déclic se fait : moi qui n'avais plus parlé la langue de Vondel depuis plusieurs années, je me remets à parler néerlandais comme si de rien n'était ! (Néerlandais) « Pardon ? Vous pouvez répéter ? » En omettant toutefois de rejeter systématiquement le verbe à la fin de la phrase... Mais peu importe les fautes, le plaisir était là. Bref, la machine s'est remise en route. Depuis lors, j'écoute Radio Één du matin au soir dans mon auto, je m'inscris à toutes les formations au-delà de la frontière linguistique, et mes collègues néerlandophones, en sus de mon babillage en français, doivent supporter mes conversations laborieuses dans leur langue maternelle. Deuxième anecdote. Chez le coiffeur à Wavre. Wavre est une petite ville à quelques kilomètres de Louvain-la-Neuve. J'entends qu'on parle de la piscine d'Overijse. Je ne sais pas si vous connaissez cette piscine. C'est une sorte de mini-parc aquatique où le prix est très démocratique. La coiffeuse explique : « J'aime beaucoup la piscine d'Overijse ! Elle est grande, confortable, il y a un sauna, des toboggans pour les enfants, mais, je n'ose pas y aller. Je ne parle pas néerlandais. Les rares fois où j'y vais, je parle anglais. » Troisième anecdote. Une famille part en vacances à la mer du Nord. Arrivé sur l'autoroute en Flandre, l'enfant s'étonne : « Uitrit, Uitrit, Uitrit ! Mais c'est grand ça comme ville ! On l'annonce tout le long de la route ! » (Rires) Est-ce que quelqu'un sait ce que veut dire « Uitrit » ? Eh bien oui ! Ça veut dire « sortie » en néerlandais. Vous ne serez pas venus pour rien. Trois anecdotes. Trois émotions, la joie, la surprise, la peur, qui reflètent bien la disparité des sentiments vis-à-vis des langues nationales en Belgique. Pourquoi cette situation ? La Belgique est un tout petit pays de 30 528 km², soit 0,02% de la superficie terrestre globale. Sur ce petit bout de terre, on parle 3 langues : l'allemand, le néerlandais, le français. 36 kilomètres séparent Louvain/Leuven de Louvain-la-Neuve, une distance physiquement courte mais tellement énorme dans la tête. Pourquoi ? Il semblerait que les discussions interminables entre politiques créent un climat peu propice au développement de l'estime mutuelle entre communautés. Or, des études montrent que plus les apprenants ont des attitudes négatives envers une langue et la communauté, plus leur maîtrise de cette langue est faible. Les facteurs affectifs jouent un rôle essentiel de frein ou de développement dans l'apprentissage. Face à ce désamour, j'ai voulu faire quelque chose. J'ai eu l'idée d'un site grâce auquel on pourrait apprendre à se connaître car tout le monde sait que, pour bien vivre ensemble, il faut se connaître. J'ai donc demandé aux jeunes issus des 3 communautés linguistiques de partager ce qui les fait vibrer dans leur région : un lieu, une personnalité, une habitude... Et ils ont répondu avec enthousiasme dans la langue de l'Autre. C'est ainsi qu'est né le site « Belgium on stage », un site trilingue, ludique, fait par et pour les jeunes, qui montre les réalités culturelles telles qu'elles sont perçues par les 17-24 ans. En découvrant ces témoignages, on constate qu'il y a beaucoup moins de choses nous séparent que de choses qui nous relient. Je vais vous donner quelques exemples. Premier exemple. La Belgique vue par les jeunes est faite de festivals ! Vous connaissez tous Pukkelpop près d'Hasselt, Tomorrowland à Anvers, Rock Werchter, le festival de Dour, les Francofolies de Spa, Esperanzah ! à Floreffe. Mais connaissez-vous « Het Groot Verlof », festival né il y a peu à Leuven pour animer la ville désertée par les jeunes pendant l'été ? Et « Scène sur Sambre », festival de barges sur les berges de la Sambre, dans un petit paradis vert situé au sud de Charleroi et où les concerts ont lieu sur l'eau grâce à une scène flottante ? Moi qui ai vécu 20 ans dans ce village, j'ai appris l'existence de ce festival grâce à « Belgium on stage ». Un comble ! La Belgique vue par les jeunes est faite de loisirs qui se ressemblent. Qu'il s'agisse des mouvements de jeunesse, les scouts en Wallonie, Pfadfinder dans les cantons de l'Est, Chiro en Flandre, ou de sorties entre copains. Tous les bons plans sont donnés pour s'amuser et boire un verre au nord, au sud et à l'est du pays. Troisième exemple. La Belgique vue par les jeunes est faite de gastronomie. Savez-vous qu'il est possible de découvrir Bruxelles rien qu'autour du chocolat belge ? (Néerlandais) Promenade chocolatée à Bruxelles ! Mais il n'y a pas que les gaufres, le chocolat, les frites ou la bière en Belgique ! Avez-vous déjà savouré les délicieux palets de Dame, biscuits typiques de Tournai, (néerlandais) « Doornik » en néerlandais ? J'ai eu l'occasion d'en déguster quelques-uns lors du lancement officiel du site « Belgium on stage » il y a peu, un vrai régal ! Quatrième exemple ? La Belgique vue par les jeunes est faite de séries télévisées regardées en famille. Vous avez d'un côté les francophones qui regardent « Koh-Lanta », et les Flamands, eux, sont fans de « Expeditie Robinson ». Connaissez-vous les séries télé les plus regardées en Flandre ? (Néerlandais) « Thuis en Familie », bien sûr, qui racontent la vie quotidienne de familles sur deux chaînes flamandes concurrentes. Et « F.C. De Kampioenen », qui met en scène les aventures d'une très mauvaise équipe de football. Sans oublier « Foute Vrienden », un programme de télé-réalité hilarant où quatre amis se lancent des défis plus fous les uns que les autres. Je suis certaine que si ce concept était importé en Wallonie, il ferait fureur. Cinquième exemple. La Belgique vue par les jeunes est faite de curiosités. Connaissez-vous la « montagne de Bueren » près de Liège, appelée aussi « les escaliers de l'extrême » ? 374 marches avec 30% de dénivelé ! Il y a aussi le « Dreiländerpunkt », lieu situé à la frontière de 3 pays : Belgique, Pays-Bas, Allemagne. Sans oublier l'ascenseur de Strépy-Thieu, le plus grand ascenseur à bâteaux du monde ! Enfin, la Belgique vue par les jeunes est faite de personnalités qui marquent. « BV », « de bekende Vlamingen », [Les Flamands célèbres] en Flandre. Heureusement, comme dit l'un des jeunes qui a participé au site, que l'acronyme équivalent n'existe pas en Wallonie : « Wallons célèbres », ce serait un peu ridicule. Tous ces témoignages montrent la Belgique vue de l'intérieur par les jeunes qui y vivent, dans la langue de l'Autre. Rappelez-vous ce que je vous ai dit au début : n'est-ce pas dommage que dans un si petit pays, on se connaisse si peu à cause de la langue ? Tous les exemples donnés montrent qu'on peut se rencontrer grâce à la langue ! Tous les exemples donnés montrent qu'il y a bien plus de choses qui nous rassemblent que de choses qui nous séparent. La peur et le rejet puisent leur origine dans l'ignorance. Pour bien vivre ensemble, il faut apprendre à se connaître. Il y a 18 mois, je rêvais, seule. Aujourd'hui, le rêve est devenu réalité. Les jeunes sont devenus les ambassadeurs de leur communauté. Avec le site « Belgium on stage », je souhaite réveiller l'esprit d'utopie qui dort en chacun de nous. Celui-là même qui garantit le bien vivre ensemble. Qui sait ? Cette utopie belge inspirera peut-être d'autres pays où la cohabitation des langues est parfois tumultueuse ? Car être partagée, n'est-ce pas la destinée de toute utopie ? Je le crois. Je le dis. Je l'affirme. Les trois langues nationales de ce pays, l'allemand, le néerlandais, le français, seront un jour les langues de la terre et du cœur pour tous les habitants de ce petit royaume de Belgique. Comme le dit le poète Julos Beaucarne, « Le vent qui vient de Flandre, le vent qui vient de Wallonie : c'est le même vent, avec un autre accent. » (Applaudissements) Sur ces mots, comme on dit en allemand, « Danke und tschüss ! » (Applaudissements)

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Traducción
Bélgica en el escenario o cómo tener el gusto para aprender idiomas
(Holandés) Mi nombre es Françoise Masuy, (holandés). Voy a hablar sobre el aprendizaje de idiomas en Bélgica. Uh, ¿no me entiendes? Así es, ¡lo olvidé! Estamos en Bélgica, en Valonia! Y no todos entienden holandés. No es una lástima que en un país tan pequeño, sabemos tan poco a causa del idioma? A mí, me gustaría llevarte en un viaje al corazón de Bélgica, al final del cual querrás ir al encuentro del Otro. Para comenzar este viaje, tres anécdotas. Primera anécdota. Hace unos años, recibí una invitación de mi corresponsal de habla holandesa con quien había hecho intercambio de idiomas cuando era un adolescente. Ella me invita a la solemne comunión de su hija de 12 años. Sorprendido y muy honrado, acepto la invitación. Aquí estoy en territorio flamenco. ¡Lo que no sabía era que era la sorpresa del día! Fui recibido como una reina por mis padres y mis 3 hermanas. (Holandés) "¡Pero no has cambiado! (Holandés) ¡Aún eres el mismo! Después de 30 años, siempre es agradable de escuchar. Y allí, se hace clic: yo, que hace varios años que no hablaba el idioma de Vondel, ¡empiezo a hablar holandés como si nada hubiera pasado! (Holandés) "¿Disculpe? Puede repetir ? "Pero al no poder rechazar sistemáticamente el verbo al final de la oración ... Pero no importa los errores, el placer estaba allí. En resumen, la máquina se ha reiniciado. Desde entonces, he estado escuchando Radio Één desde la mañana hasta la noche en mi automóvil, registrándome en todas las formaciones más allá del límite lingüístico, y mis colegas de habla holandesa, además de mi balbuceo en francés, tienen que soportar mis laboriosas conversaciones. en su lengua materna. Segunda anécdota. En la peluquería en Wavre. Wavre es una pequeña ciudad a pocos kilómetros de Louvain-la-Neuve. Escuché que estamos hablando del grupo Overijse. No sé si conoces este grupo. Es una especie de mini parque acuático donde el precio es muy democrático. El peluquero explica: "¡Realmente me gusta el grupo Overijse! Es grande, cómodo, hay una sauna, toboganes para niños, pero no me atrevo a ir. Yo no hablo neerlandés. Las pocas veces que voy allí, hablo inglés. Tercera anécdota. Una familia se va de vacaciones al Mar del Norte. Al llegar a la autopista en Flandes, el niño está asombrado: "Uitrit, Uitrit, Uitrit! ¡Pero eso es genial como ciudad! ¡Se anuncia a lo largo del camino! (Risas) ¿Alguien sabe lo que significa Uitrit? ¡Bueno sí! Significa "salir" en holandés. No vendrás por nada. Tres anécdotas. Tres emociones, alegría, sorpresa, miedo, que reflejan bien la disparidad de sentimientos vis-à-vis las lenguas nacionales en Bélgica. ¿Por qué esta situación? Bélgica es un país muy pequeño de 30,528 km², o el 0,02% de la superficie total. En este pequeño pedazo de tierra, hablamos 3 idiomas: alemán, holandés, francés. 36 kilómetros separan Lovaina / Lovaina de Louvain-la-Neuve, una distancia físicamente corta pero tan grande en la cabeza. Por qué ? Parece que las discusiones interminables entre los políticos crean un clima que no es propicio para el desarrollo de la estima mutua entre las comunidades. Sin embargo, los estudios muestran que cuanto más negativos son los estudiantes sobre el lenguaje y la comunidad, menor es su dominio del idioma. Los factores afectivos juegan un papel vital en inhibir o desarrollar el aprendizaje. Enfrentado con este desencanto, quería hacer algo. Tuve la idea de un sitio a través del cual pudiéramos conocernos porque todos saben que para vivir bien juntos, deben conocerse. Así que le pregunté a los jóvenes de las tres comunidades lingüísticas para compartir lo que los motiva en su área: un lugar, una persona, un hábito ... Y ellos respondieron con entusiasmo en el idioma del otro. Así nació el sitio "Bélgica en el escenario", un sitio trilingüe, divertido, hecho por y para los jóvenes, que muestra las realidades culturales percibidas por los 17-24 años. Al descubrir estos testimonios, vemos que hay muchas menos cosas que nos separan que cosas que nos conectan. Te daré algunos ejemplos. Primer ejemplo ¡Bélgica, vista por los jóvenes, está hecha de festivales! Todos ustedes conocen Pukkelpop cerca de Hasselt, Tomorrowland en Amberes, Rock Werchter, el festival de Dour, los Francofolies de Spa, Esperanzah! en Floreffe. ¿Pero conoces "Het Groot Verlof", un festival nacido hace poco tiempo en Lovaina para animar la ciudad desierta por los jóvenes durante el verano? Y el festival de barcazas "Scene on Sambre" a orillas del Sambre, en un pequeño paraíso verde ubicado al sur de Charleroi y donde los conciertos se celebran en el agua con un escenario flotante? Yo, que viví 20 años en este pueblo, aprendí la existencia de este festival a través de "Bélgica en el escenario". Una altura! Bélgica visto por los jóvenes está hecho de recreación que son similares. Ya se trate de movimientos juveniles, Scouts en Valonia, Pfadfinder en los municipios del este, Chiro en Flandes o salidas con amigos. Todos los buenos consejos se dan para divertirse y tomar una copa en el norte, sur y este del país. Tercer ejemplo Bélgica, vista por los jóvenes, está hecha de gastronomía. ¿Sabes que es posible descubrir Bruselas en torno al chocolate belga? (Holandés) Paseo de chocolate en Bruselas! ¡Pero no son solo gofres, chocolate, papas fritas o cerveza en Bélgica! ¿Alguna vez ha probado el delicioso pastel de Lady, galletas típicas de Tournai, (holandés) "Doornik" en holandés? Tuve la oportunidad de probar algo en el lanzamiento oficial del sitio "Bélgica en el escenario". ¡Hay poco, un verdadero placer! Cuarto ejemplo? Bélgica visto por los jóvenes está hecho de series de televisión vistas con la familia. Por un lado, tiene el francés "Koh-Lanta" y los Flemings son fanáticos de "Expeditie Robinson". ¿Conoces la serie de televisión más vista de Flandes? (Holandés) "Thuis en Familie", por supuesto, que cuenta la vida cotidiana de las familias en dos cadenas flamencas competidoras. Y "F.C. De Kampioenen", que escenifica las aventuras de un equipo de fútbol muy malo. Por no hablar de "Foute Vrienden", un divertido programa de televisión de realidad en el que cuatro amigos se enfrentan a desafíos más descabellados que otros. Estoy seguro de que si este concepto se importó a Valonia, sería un éxito. Quinto ejemplo. Bélgica, vista por los jóvenes, está hecha de curiosidades. ¿Conoces la "montaña Bueren" cerca de Lieja, también llamada "la escalera del extremo"? ¡374 pasos con un 30% de caída vertical! También está el "Dreiländerpunkt", ubicado en el límite de 3 países: Bélgica, los Países Bajos, Alemania. ¡Sin mencionar el ascensor Strépy-Thieu, el bote más grande del mundo! Finalmente, Bélgica visto por los jóvenes está hecho de personalidades que marcan. "BV", "de bekende Vlamingen", [Famosos flamencos] en Flandes. Afortunadamente, como dijo uno de los jóvenes que participaron en el sitio, el acrónimo equivalente no existe en Valonia: "Walloons famous", sería un poco ridículo. Todos estos testimonios muestran a Bélgica vista desde adentro por los jóvenes que viven allí, en el lenguaje del Otro. Recuerda lo que te dije al principio: ¿no es una pena que en un país tan pequeño, sepamos tan poco por el idioma? ¡Todos los ejemplos dados muestran que podemos encontrarnos gracias al lenguaje! Todos los ejemplos dados muestran que hay muchas más cosas que nos unen que cosas que nos separan. El miedo y el rechazo se originan en la ignorancia. Para vivir bien juntos, deben conocerse mutuamente. Hace dieciocho meses, soñé, solo. Hoy, el sueño se ha hecho realidad. Los jóvenes se han convertido en embajadores de su comunidad. Con el sitio "Bélgica en el escenario", deseo despertar el espíritu de utopía que duerme en cada uno de nosotros. El mismo que garantiza el buen vivir juntos. Quién sabe? ¿Esta utopía belga puede inspirar a otros países donde la convivencia de lenguas es a veces tumultuosa? Porque ser compartido, ¿no es el destino de toda utopía? Lo creo. Lo digo Yo lo afirmo Los tres idiomas nacionales de este país, alemán, holandés, francés, algún día serán los idiomas de la tierra y el corazón para todos los habitantes de este pequeño reino de Bélgica. Como dice el poeta Julos Beaucarne: "El viento que viene de Flandes, el viento que viene de Valonia: es el mismo viento, con otro acento. (Aplausos) Con estas palabras, como dicen en alemán, "Danke und tschüss! (Aplausos)

Ma vie, c'est jouer et avancer avec légèreté | Anja Linder | TEDxParis

 Transcripción y Traducción




Toute petite, assise sur les genoux de ma mère qui enseignait le piano en cours particulier dans la maison de mon enfance, j'étais bercée par la musique et je regardais tous ses doigts parcourir les touches du clavier. Comme c'était souvent les mêmes morceaux qui revenaient, Schumann, Mozart, Chopin, je connaissais les mélodies par cœur et je corrigeais les élèves en sifflotant. Dans ma famille, l'éducation passe forcément par l'apprentissage d'un instrument, et j'ai choisi la harpe à neuf ans, après avoir entendu Marielle Nordmann jouer un concerto pour Harpe avec l'Orchestre philharmonique de Strasbourg. La chaleur, la rondeur du timbre, la beauté de l'instrument, ainsi que sa taille qui permet presque d'être cachée, ont été un coup de foudre. C'était cet instrument et pas un autre. Après des études musicales approfondies, j'ai obtenu avec mon amie soprano Nathalie Gaudefroy, un premier prix au Concours international de musique de chambre d'Arles. S'en sont suivies deux années magnifiques, riches de musique, de rencontres, de voyage, de fous rires, de succès, car nous étions invitées dans de beaux festivals et on nous proposait beaucoup de projets intéressants. Je menais alors la vie intense et créative dont je rêvais enfant. Le 6 Juillet 2001, il y a une tempête lors d'un concert où j'étais spectatrice. Un platane s'est abattu sur le public. J'ai été projetée à terre et immobilisée par les branches. Il y a eu de nombreux morts, et je fais partie des victimes les plus touchées physiquement. Malgré le choc de la chute, j'étais consciente, et en essayant de me dégager des branches, je me suis rendue compte que je n'arrivais plus à bouger mes jambes. J'ai tout de suite pensé à la harpe, car les jambes sont essentielles pour pouvoir en jouer. On l'ignore souvent, mais la harpe se joue avec sept pédales. J'ai vu ma vie défiler, et j'étais terrorisée à l'idée de ne plus pouvoir jouer. Vivre, c'était forcément en jouer. À la suite de ça, j'ai vécu les deux années les plus douloureuses de ma vie, entre l'hôpital et le centre de réadaptation. J'avais l'impression de vivre un cauchemar, il me fallait en sortir au plus vite, guérir, apprivoiser le fauteuil, et gérer toutes les paroles négatives. On m'a conseillé à l'époque de renoncer à la harpe, à cause de l'impossibilité des pédales, de commencer de l'handisport et ou un nouvel instrument en amateur. On m'a dit que ça serait mieux que je fasse un métier comme bibliothécaire, ou quelque chose de sédentaire, à cause de ma santé fragile. On m'a dit que toute coquetterie et féminité était inutile en fauteuil. Alors, sachant que par exemple, aujourd'hui déjà, où le dress code c'était censé être jean et chemise, moi je trouve [le] moyen de venir en robe longue et en dentelle, vous imaginez bien que ce genre de phrases était presque une souffrance pour moi. Et le pire, c'est qu'on m'a dit qu'il fallait renoncer à espérer avoir une vie amoureuse épanouie, parce que les hommes ne restent pas avec une femme en fauteuil. J'ai choisi de ne pas écouter ces paroles. J'ai fait exactement l'inverse de tout ce qu'on m'avait conseillé, et dès que je suis sortie du centre, je me suis battue pour rejouer. Dans cette quête, j'ai eu la chance de rencontrer deux hommes : Jean-Marie Panterne, alors directeur de l'Instrumentarium, et Marc Lamoureux, un ingénieur de génie, pour qui comme moi, le mot impossible n'était pas recevable. Ensemble, nous avons imaginé une harpe automatique qui me permettrait de rejouer. Ce projet a mis deux ans pour voir le jour. Nous avons rencontré quelques difficultés, mais c'était passionnant, car nous voulions arriver ensemble à un résultat vraiment satisfaisant. Il l'est, au-delà de nos espérances, car cette harpe électropneumatique permet de jouer grâce à un usage simplifié des pédales, un répertoire beaucoup plus vaste que la harpe normale. Des compositeurs ont même écrit pour cette nouvelle harpe, qui est finalement une avancée dans l'histoire de l'instrument. Son nom c'est « l'anjamatique », donc issu de mon prénom Anja et d'automatique, et je l'enseigne désormais au Conservatoire de Strasbourg à des personnes valides. J'ai tout perdu en une seconde, et j'ai mis des années à reconstruire une vie qui me corresponde. C'est le cas en ce moment, je suis amoureuse et aimée, je joue et j'enseigne mon instrument, et je travaille avec des partenaires talentueux. Au mois de juillet dernier, j'ai vécu un moment incroyable. Milan Kundera en personne m'a appelée, pour me dire qu'il me donnait l'autorisation pour l'enregistrement d'extraits de l'Insoutenable légèreté de l'être, illustré par les morceaux de Schuman, Chopin et de Dvorak Il m'a dit que mon jeu l'avait ému, et j'ai vécu ces paroles comme une sorte de validation, de bénédiction de tous ces combats menés. Je pense sincèrement que tous les instants difficiles, aussi douloureux soient-ils, nous font avancer tant qu'on aspire à un but et qu'on met tout en œuvre pour y arriver. Personne ne sait mieux que vous ce pourquoi vous êtes faits. Le handicap fait encore peur et je n'ai jamais voulu me reconnaître dans la vision restrictive que certaines personnes en ont. Car ce n'est ni un handicap, ni une différence, ni une maladie qui crée notre identité, c'est l'énergie et l'amour qu'on met pour faire ce qui nous est le plus cher. Ma vie, c'est jouer et avancer avec légèreté. (Musique) (Applaudissements)

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Traducción
Yo era pequeña, me sentaba en el regazo de mi madre. que enseñaba a tocar el piano en clases particulares en la casa de mi infancia. Fui arrullada por la música, y miraba todos sus dedos que iban y venían por las teclas del piano. Como eran casi siempre las mismas piezas, Schumann, Mozart, Chopin, sabía las melodías de memoria y corregía a los alumnos silbando la melodía. En mi familia, la educación significaba en gran medida aprender un instrumento y cuando tenía 9 años, elegí el arpa, después de haber escuchado un concierto de Marielle Nordmann con la Orquesta Filarmónica de Estrasburgo. La calidez, la franqueza del sonido, la belleza del instrumento, y su tamaño que permite casi esconderse detrás, fue amor a primera vista. Era este instrumento y ninguno otro. Después de haberme dedicado a los estudios de la música gané, junto a mi amiga la soprano Nathalie Gaudefroy, en el Concurso Internacional de Música de Cámara de Arlés el primer premio. Siguieron 2 años magníficos, llenos de música, encuentros, viajes, risas y éxito, nos invitaban a festivales y nos proponían muchos proyectos interesantes. Tenía la vida intensa y creativa que había soñado cuando era niña. El 6 de julio de 2001, hubo una tormenta durante un concierto al que asistí. Se cayó un árbol de plátano encima del público. Me tiró al suelo y quedé inmovilizada por el peso del árbol. Hubo muchos muertos, yo fui parte de los heridos más graves. A pesar del golpe de la caída, yo estaba consciente, y mientras intentaba salir de abajo del árbol me di cuenta de que no podía mover las piernas. En seguida pensé en el arpa, porque las piernas son esenciales para poder tocarla. Muchos no lo saben, pero el arpa se toca con 7 pedales. Vi mi vida pasar delante de mis ojos y me aterrorizaba la idea de no poder volver a tocar. Vivir significaba tocar. Después de ese episodio, viví los 2 años más dolorosos de mi vida entre el hospital y el centro de rehabilitación. Tenía la impresión de estar viviendo una pesadilla, Quería salir rápidamente de allí, estar sana, aprender a usar la silla de ruedas y enfrentar todas las palabras negativas. En esa época, me aconsejaron dejar el arpa, por la imposibilidad de utilizar los pedales, jugar un deporte para discapacitados o tocar un instrumento nuevo como amateur. Me dijeron que sería mejor que me dedicara a algo como bibliotecaria, o alguna otra cosa sedentaria, porque mi salud era frágil. Dijeron que la coquetería y la feminidad no tenían sentido en una silla de ruedas. Si ven, por ejemplo, que hoy que hubiese estado bien venir de jean y camisa, yo me pongo un vestido largo y encaje, se pueden imaginar que ese tipo de frases eran casi un sufrimiento para mí. Y lo peor fue que me dijeron que debía renunciar a la esperanza de una vida amorosa, porque los hombres no eligen una mujer en silla de ruedas. Elegí no escuchar esas palabras. Hice exactamente lo contrario de lo que me aconsejaron, y desde el momento que dejé el centro, luché por volver a tocar. En esa búsqueda, tuve la suerte de conocer a dos hombres: Jean-Marie Panterne, director de "L'Instrumentarium" y a Marc Lamoureux, ingeniero civil, para ellos, como para mí, la palabra imposible no era válida. Juntos, imaginamos un arpa automática que me permitiera volver a tocar. Ese proyecto duró 2 años. Tuvimos varias dificultades, pero fue apasionante, porque queríamos alcanzar juntos un resultado satisfactorio. Mucho más que lo que esperábamos porque esta arpa electroneumática gracias a un uso simplificado de los pedales, permite tocar un repertorio mucho más vasto que un arpa normal. Ciertos compositores, incluso, compusieron para esta nueva arpa, que es finalmente un avance en la historia del instrumento. Se llama "Anjamatique", mezcla de mi nombre, Anja, y de automático, y enseño cómo tocarla en el Conservatorio de Estrasburgo a personas que no tienen discapacidades. En un segundo perdí todo, y tardé años en reconstruir una vida digna. En este momento, estoy enamorada y soy amada, toco y enseño mi instrumento, y trabajo con socios talentosos. En julio pasado viví un momento increíble. Me llamó Milan Kundera en persona para decirme que me daba autorización para grabar partes de La insoportable levedad del ser, con piezas de Schuman, Chopin y Dvorak. Me dijo que mi música lo había emocionado, y viví esas palabras como una suerte de validación, de bendición por todas las batallas vividas. Pienso, sinceramente, que todos los instantes difíciles, por más dolorosos que sean, nos hacen avanzar siempre que tengamos un objetivo y que dejemos todo para alcanzarlo. Nadie más que uno conoce eso para lo que fuimos hechos. Las discapacidades todavía dan miedo y yo nunca quise reconocerme en esa visión restrictiva que tienen algunas personas. Porque no es una discapacidad ni una diferencia, ni una enfermedad lo que crea nuestra identidad, es la energía y el amor que ponemos en las cosas que nos gusta hacer. Mi vida es tocar y avanzar suavemente. (Música) (Aplausos)