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martes, 22 de mayo de 2018

Ma vie, c'est jouer et avancer avec légèreté | Anja Linder | TEDxParis

 Transcripción y Traducción




Toute petite, assise sur les genoux de ma mère qui enseignait le piano en cours particulier dans la maison de mon enfance, j'étais bercée par la musique et je regardais tous ses doigts parcourir les touches du clavier. Comme c'était souvent les mêmes morceaux qui revenaient, Schumann, Mozart, Chopin, je connaissais les mélodies par cœur et je corrigeais les élèves en sifflotant. Dans ma famille, l'éducation passe forcément par l'apprentissage d'un instrument, et j'ai choisi la harpe à neuf ans, après avoir entendu Marielle Nordmann jouer un concerto pour Harpe avec l'Orchestre philharmonique de Strasbourg. La chaleur, la rondeur du timbre, la beauté de l'instrument, ainsi que sa taille qui permet presque d'être cachée, ont été un coup de foudre. C'était cet instrument et pas un autre. Après des études musicales approfondies, j'ai obtenu avec mon amie soprano Nathalie Gaudefroy, un premier prix au Concours international de musique de chambre d'Arles. S'en sont suivies deux années magnifiques, riches de musique, de rencontres, de voyage, de fous rires, de succès, car nous étions invitées dans de beaux festivals et on nous proposait beaucoup de projets intéressants. Je menais alors la vie intense et créative dont je rêvais enfant. Le 6 Juillet 2001, il y a une tempête lors d'un concert où j'étais spectatrice. Un platane s'est abattu sur le public. J'ai été projetée à terre et immobilisée par les branches. Il y a eu de nombreux morts, et je fais partie des victimes les plus touchées physiquement. Malgré le choc de la chute, j'étais consciente, et en essayant de me dégager des branches, je me suis rendue compte que je n'arrivais plus à bouger mes jambes. J'ai tout de suite pensé à la harpe, car les jambes sont essentielles pour pouvoir en jouer. On l'ignore souvent, mais la harpe se joue avec sept pédales. J'ai vu ma vie défiler, et j'étais terrorisée à l'idée de ne plus pouvoir jouer. Vivre, c'était forcément en jouer. À la suite de ça, j'ai vécu les deux années les plus douloureuses de ma vie, entre l'hôpital et le centre de réadaptation. J'avais l'impression de vivre un cauchemar, il me fallait en sortir au plus vite, guérir, apprivoiser le fauteuil, et gérer toutes les paroles négatives. On m'a conseillé à l'époque de renoncer à la harpe, à cause de l'impossibilité des pédales, de commencer de l'handisport et ou un nouvel instrument en amateur. On m'a dit que ça serait mieux que je fasse un métier comme bibliothécaire, ou quelque chose de sédentaire, à cause de ma santé fragile. On m'a dit que toute coquetterie et féminité était inutile en fauteuil. Alors, sachant que par exemple, aujourd'hui déjà, où le dress code c'était censé être jean et chemise, moi je trouve [le] moyen de venir en robe longue et en dentelle, vous imaginez bien que ce genre de phrases était presque une souffrance pour moi. Et le pire, c'est qu'on m'a dit qu'il fallait renoncer à espérer avoir une vie amoureuse épanouie, parce que les hommes ne restent pas avec une femme en fauteuil. J'ai choisi de ne pas écouter ces paroles. J'ai fait exactement l'inverse de tout ce qu'on m'avait conseillé, et dès que je suis sortie du centre, je me suis battue pour rejouer. Dans cette quête, j'ai eu la chance de rencontrer deux hommes : Jean-Marie Panterne, alors directeur de l'Instrumentarium, et Marc Lamoureux, un ingénieur de génie, pour qui comme moi, le mot impossible n'était pas recevable. Ensemble, nous avons imaginé une harpe automatique qui me permettrait de rejouer. Ce projet a mis deux ans pour voir le jour. Nous avons rencontré quelques difficultés, mais c'était passionnant, car nous voulions arriver ensemble à un résultat vraiment satisfaisant. Il l'est, au-delà de nos espérances, car cette harpe électropneumatique permet de jouer grâce à un usage simplifié des pédales, un répertoire beaucoup plus vaste que la harpe normale. Des compositeurs ont même écrit pour cette nouvelle harpe, qui est finalement une avancée dans l'histoire de l'instrument. Son nom c'est « l'anjamatique », donc issu de mon prénom Anja et d'automatique, et je l'enseigne désormais au Conservatoire de Strasbourg à des personnes valides. J'ai tout perdu en une seconde, et j'ai mis des années à reconstruire une vie qui me corresponde. C'est le cas en ce moment, je suis amoureuse et aimée, je joue et j'enseigne mon instrument, et je travaille avec des partenaires talentueux. Au mois de juillet dernier, j'ai vécu un moment incroyable. Milan Kundera en personne m'a appelée, pour me dire qu'il me donnait l'autorisation pour l'enregistrement d'extraits de l'Insoutenable légèreté de l'être, illustré par les morceaux de Schuman, Chopin et de Dvorak Il m'a dit que mon jeu l'avait ému, et j'ai vécu ces paroles comme une sorte de validation, de bénédiction de tous ces combats menés. Je pense sincèrement que tous les instants difficiles, aussi douloureux soient-ils, nous font avancer tant qu'on aspire à un but et qu'on met tout en œuvre pour y arriver. Personne ne sait mieux que vous ce pourquoi vous êtes faits. Le handicap fait encore peur et je n'ai jamais voulu me reconnaître dans la vision restrictive que certaines personnes en ont. Car ce n'est ni un handicap, ni une différence, ni une maladie qui crée notre identité, c'est l'énergie et l'amour qu'on met pour faire ce qui nous est le plus cher. Ma vie, c'est jouer et avancer avec légèreté. (Musique) (Applaudissements)

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Traducción
Yo era pequeña, me sentaba en el regazo de mi madre. que enseñaba a tocar el piano en clases particulares en la casa de mi infancia. Fui arrullada por la música, y miraba todos sus dedos que iban y venían por las teclas del piano. Como eran casi siempre las mismas piezas, Schumann, Mozart, Chopin, sabía las melodías de memoria y corregía a los alumnos silbando la melodía. En mi familia, la educación significaba en gran medida aprender un instrumento y cuando tenía 9 años, elegí el arpa, después de haber escuchado un concierto de Marielle Nordmann con la Orquesta Filarmónica de Estrasburgo. La calidez, la franqueza del sonido, la belleza del instrumento, y su tamaño que permite casi esconderse detrás, fue amor a primera vista. Era este instrumento y ninguno otro. Después de haberme dedicado a los estudios de la música gané, junto a mi amiga la soprano Nathalie Gaudefroy, en el Concurso Internacional de Música de Cámara de Arlés el primer premio. Siguieron 2 años magníficos, llenos de música, encuentros, viajes, risas y éxito, nos invitaban a festivales y nos proponían muchos proyectos interesantes. Tenía la vida intensa y creativa que había soñado cuando era niña. El 6 de julio de 2001, hubo una tormenta durante un concierto al que asistí. Se cayó un árbol de plátano encima del público. Me tiró al suelo y quedé inmovilizada por el peso del árbol. Hubo muchos muertos, yo fui parte de los heridos más graves. A pesar del golpe de la caída, yo estaba consciente, y mientras intentaba salir de abajo del árbol me di cuenta de que no podía mover las piernas. En seguida pensé en el arpa, porque las piernas son esenciales para poder tocarla. Muchos no lo saben, pero el arpa se toca con 7 pedales. Vi mi vida pasar delante de mis ojos y me aterrorizaba la idea de no poder volver a tocar. Vivir significaba tocar. Después de ese episodio, viví los 2 años más dolorosos de mi vida entre el hospital y el centro de rehabilitación. Tenía la impresión de estar viviendo una pesadilla, Quería salir rápidamente de allí, estar sana, aprender a usar la silla de ruedas y enfrentar todas las palabras negativas. En esa época, me aconsejaron dejar el arpa, por la imposibilidad de utilizar los pedales, jugar un deporte para discapacitados o tocar un instrumento nuevo como amateur. Me dijeron que sería mejor que me dedicara a algo como bibliotecaria, o alguna otra cosa sedentaria, porque mi salud era frágil. Dijeron que la coquetería y la feminidad no tenían sentido en una silla de ruedas. Si ven, por ejemplo, que hoy que hubiese estado bien venir de jean y camisa, yo me pongo un vestido largo y encaje, se pueden imaginar que ese tipo de frases eran casi un sufrimiento para mí. Y lo peor fue que me dijeron que debía renunciar a la esperanza de una vida amorosa, porque los hombres no eligen una mujer en silla de ruedas. Elegí no escuchar esas palabras. Hice exactamente lo contrario de lo que me aconsejaron, y desde el momento que dejé el centro, luché por volver a tocar. En esa búsqueda, tuve la suerte de conocer a dos hombres: Jean-Marie Panterne, director de "L'Instrumentarium" y a Marc Lamoureux, ingeniero civil, para ellos, como para mí, la palabra imposible no era válida. Juntos, imaginamos un arpa automática que me permitiera volver a tocar. Ese proyecto duró 2 años. Tuvimos varias dificultades, pero fue apasionante, porque queríamos alcanzar juntos un resultado satisfactorio. Mucho más que lo que esperábamos porque esta arpa electroneumática gracias a un uso simplificado de los pedales, permite tocar un repertorio mucho más vasto que un arpa normal. Ciertos compositores, incluso, compusieron para esta nueva arpa, que es finalmente un avance en la historia del instrumento. Se llama "Anjamatique", mezcla de mi nombre, Anja, y de automático, y enseño cómo tocarla en el Conservatorio de Estrasburgo a personas que no tienen discapacidades. En un segundo perdí todo, y tardé años en reconstruir una vida digna. En este momento, estoy enamorada y soy amada, toco y enseño mi instrumento, y trabajo con socios talentosos. En julio pasado viví un momento increíble. Me llamó Milan Kundera en persona para decirme que me daba autorización para grabar partes de La insoportable levedad del ser, con piezas de Schuman, Chopin y Dvorak. Me dijo que mi música lo había emocionado, y viví esas palabras como una suerte de validación, de bendición por todas las batallas vividas. Pienso, sinceramente, que todos los instantes difíciles, por más dolorosos que sean, nos hacen avanzar siempre que tengamos un objetivo y que dejemos todo para alcanzarlo. Nadie más que uno conoce eso para lo que fuimos hechos. Las discapacidades todavía dan miedo y yo nunca quise reconocerme en esa visión restrictiva que tienen algunas personas. Porque no es una discapacidad ni una diferencia, ni una enfermedad lo que crea nuestra identidad, es la energía y el amor que ponemos en las cosas que nos gusta hacer. Mi vida es tocar y avanzar suavemente. (Música) (Aplausos)

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